CINEMATOGRAPHES

Cinématographe Cannevel

L’appareil que nous a présenté M. Cannevel est surtout remarquable par la grande simplicité de son mécanisme et l’ingéniosité de son obturateur ; il est parfaitement étudié et son dispositif permet sa construction de quelques pièces de tôles découpées et pliées à l’emporte-pièce ; il permet de prendre des vues négatives et de projeter des pellicules positives.
L’appareil se compose d’une roue en cuivre L à dents hélicoïdales qu’on fait tourner à l’aide d’une manivelle Q ; cette roue commande deux pignons M et J constitués, afin d’éviter tout bruit, en film vulcanisé ; sur le même axe J se trouve un plateau-manivelle H, dont le maneton réglable R fait mouvoir une bielle G solidaire d’un cadre E ; cet ensemble constitue la partie vraiment essentielle et caractéristique de l’appareil, tout le système se trouve là ; c’est, en effet, cet ensemble qui, dans son mouvement vertical, déplace la pellicule B et qui, par son déplacement horizontal, la prend en haut de sa course et l’abandonne dans le bas.
Lorsque la roue J tourne dans le sens des aiguilles d’une montre, le maneton R en faisant sa course ascensionnelle se déplacera sur la gauche, entraînant avec lui la bielle G et le cadre E articulé en une glissière S ; il forcera ainsi, en basculant, les barrettes D reliées au cadre E par des lames flexibles à rester en contact des butoirs F et, du même fait, les goupilles de ces barrettes à abandonner la pellicule B jusqu’à ce que le maneton ait fait un demi-tour et qu’il se déplace sur la droite ; à ce moment et avant de descendre, le cadre E bascule dans un sens inverse, fait abandonner les barrettes D aux butoirs F et fait pénétrer les goupilles dans deux des trous perforés de la pellicule B, qui est ainsi entraînée dans la course descendante du cadre E ; les même mouvements se reproduisent ainsi jusqu’au déroulement complet du film ; les échancrures faites dans les barrettes D n’ont pour effet que d’empêcher ces barrettes de s’éloigner trop et de fatiguer inutilement les ressorts.
La pellicule est préalablement enroulée sur une bobine A, passe dans un canal C et vient recevoir les rayons lumineux en face de l’objectif P à travers une fenêtre ménagée dans le canal C ; à la sortie de ce canal, elle est libre et peut être reçue et bobinée d’une façon quelconque. Toute la monture K est en tôle découpée et pliée à l’emporte-pièce.
L’obturateur à double fraction de disque O n’est ni moins simple ni moins intéressant ; disons d’abord que cet obturateur est applicable à tous les appareils photographiques en général et que son principal avantage consiste en une ouverture et une fermeture rapides, quelle que soit la vitesse de l’appareil ; dans le cinématographe, il est actionné de la façon suivant : en même temps que la roue en fibre J, la roue en cuivre L commande à la roue en fibre M qui est solidaire d’une roue d’angle à 45° également en fibre, laquelle est en relation avec deux autres roues d’angle en cuivre N ; sur l’axe de chaque roue N est fixée une pièce O, et, comme un des pignons N est fou sur l’axe de l’autre et qu’ils sont tous deux commandés par un même pignon d’angle, l’un tourne à gauche et l’autre à droite, et les demi-cercles O viennent se croiser en face de l’objectif P ; il est bien entendu que la période de fermeture de l’objectif correspond à la période de mouvement de la pellicule et que l’ouverture correspond à sa période d’immobilité.

- J.L. Breton, La Chronophotographie, 1897

Plan du site | Contact | ©2008 cinematographes