Cet appareil est certainement le plus simple qui ait été construit,
mais il ne peut servir qu’à la projection des films perforés
au pas d’Edison ; enfin il possède une qualité très
appréciée parfois, son prix est des plus minimes.
Il se compose de trois parties :
1° Le Chronoscope proprement dit : sur une plaque métallique
est fixé un axe fixe sur lequel roule une roue à gorge portant
une manivelle ; celle-ci entraîne soit par une cordelette, soit par
pignon d’angle , un disque à chevilles qui lui-même
commande le barillet à cheville et l’obturateur.
Le mouvement ainsi obtenu est très doux par suite d’une disposition
particulière ; l’hélice qui donne le mouvement intermittent
au barillet porte-film agit sur des billes roulantes, qui peuvent librement
tourner autour d’un axe fixe. On évite également par
là tout bruit désagréable. Dans un modèle plus
récent, l’entraînement se fait par engrenage et non
par cordelette. Dans les deux modèles la marche est presque silencieuse,
et toujours beaucoup moins bruyante que dans tous ceux que nous avons eu
l’occasion de manoeuvrer.
Tout cet ensemble est fixé sur une planchette.
2° En avant de ce dispositif, est fixé l’objectif de projection,
de foyer plus ou moins long suivant le recul dont on dispose.
3° En arrière et à la distance voulue est placée
la source lumineuse, la lanterne à projection ; celle-ci porte à l’avant
un condensateur, une forte lampe à pétrole et un réflecteur
; le tout glisse dans une coulisse pour la mise en place.
Mais avec cet éclairage on ne peut obtenir que des images peu étendues,
et il y a lieu de remplacer la lampe à pétrole par un foyer
lumineux plus puissant : on peut alors substituer au pétrole l’acétylène.
Dans ce cas le condensateur ordinaire est remplacé par un autre,
d’un type spécial, dit “condensateur à eau” ;
celui-ci se compose d’un ballon de verre que l’on remplit d’eau,
disposition déjà proposée par MM. Lumière.
Si l’on veut faire usage de la lumière électrique,
on remplacera la lanterne construite pour cet appareil par une grande lanterne
disposée à cet effet.
- Eugène Trutat, La photographie animée. 1899