CINEMATOGRAPHES

Projecteur B.A.G.

Projecteur Cinématographique Oehmichen B.A.G. portatif - standard.

Le nouveau projecteur cinématographique Oehmichen à boucle automatique ne marque pas seulement sur tous les appareils actuellement connus un progrès considérable lui assurant d’emblée et de fort loin la première place ; il introduit au surplus dans la technique générale du déroulement du film des modifications capitales et dont il est possible d’évaluer dès maintenant les répercussions dans l’extension de l’art cinématographique.
Ses nouveaux principes permettent, en effet, tout en simplifiant la construction des appareils, d’accroître dans des proportions presque incroyables la durée des films utilisés et d’améliorer nettement la précision de la projection.
Une de leurs principales caractéristiques, qui, d’ailleurs, a permis la réalisation de la boucle automatique avec la plus élégante simplicité, consiste en la suppression des débiteurs dentés universellement utilisés jusqu’à ce jour. La Société Oehmichen y a substitué les tambours mobiles caoutchoutés marginalement qu’elle avait imaginé pour son enrouleur dérouleur, dont tous les praticiens connaissent maintenant les immenses avantages, en ce qui concerne la conservation du film et qui équipe ses gros projecteurs G.C.4.

Nous donnons ci-dessous quelques indications sommaires sur la conception de l’appareil et son mode de fonctionnement.
L’appareil est du type à griffes multiples monobloc. Le couloir est muni de fentes latérales permettant le passage des griffes et leur attaque du film à une distance aussi courte que possible de la fenêtre de projection.
A l’entrée du couloir se trouve un rouleau caoutchouté marginalement, tournant de façon que la vitesse périphérique soit légèrement supérieure à la vitesse moyenne de passage du film. Ce rouleau est le tambour déraouleur (représenté en D). Un petit galet g1, solidaire de la porte, vient se placer, quand cette dernière est fermée, à une distance bien déterminée du tambour.
A la sortie du couloir de l’appareil, se trouve un second tambour caoutchouté marginalement, comme le précédent, et animé d’une vitesse périphérique inférieur à la vitesse moyenne de passage du film. Un petit galet g2 est disposé en un point précis dans le voisinage de ce même rouleau caoutchouté, qui porte le nom de tambour enrouleur.
Le film est placé comme suit dans l’appareil : on le met dans le couloir et on ferme la porte. Puis on tire une quantité de film quelconque, de façon à former une boucle entre le galet g1 et le rouleau D, que l’on enveloppe ensuite comme l’indique la figure et en sens inverse de la flèche (cette dernière indique le sens du mouvement du dérouleur pendant la marche). La dimension de la boucle B1 peut être quelconque.
On prend de même une certaine quantité de film pour en former une boucle entre le galet g2 et le rouleau e. On enroule le film autrou de E dans le ses de la flèche ; l’appareil est alors prêt à fonctionner.
Le film, amené par le tambour supérieur, forme une boucle représentée en B1.
Lorsque, sous l’influence du tirage des griffes, cette boucle tend à diminuer, la raideur du film, tendant au contraire à s’opposer à la diminution de son rayon de courbure, engendre dans toute la boucle un effort d’expansion. Tout se passe comme si la boucle était une lame métallique qui s’oppose à son écrasement par son élasticité à la manière d’un ressort, et cela d’autant plus énergiquement que la boucle est plus resserrée, c’est-à-dire que son rayon de courbure moyen devient plus petit.
La conséquence en est que le film exerce sur le galet et le tambour un certain effort, comme pour s’ouvrir un plus grand passage, effort qui s’applique en particulier sur le tambour d’adhérence.
Lorsque le rayon moyen de la boucle est devenu suffisamment petit, la pression d’application du film sur le tambour s’élève très rapidement.
On voit donc que le film est pressé sur le rouleau avec une force qui croît à mesure que la grandeur de la boucle diminue.
Cette force d’application sur le rouleau caoutchouté donne naissance à un effort tangentiel d’adhérence, qui a pour objet de mette en jeu le cabestan constitué par le dérouleur et d’appeler du film sur la bobine génératrice.
Comme le dérouleur tourne à une vitesse périphérique plus grande que la vitesse moyenne de passage du film, la boucle tend, par cet apport de film, à augmenter de dimensions.
Par contre, lorsque la boucle B1 devient trop grande, d’une part, l’effort d’application du film sur le rouleau D diminue, d’autre part, le poids de la boucle B tend à écarter le film du rouleau entraîneur. L’entraînement du rouleau diminue donc, puis que l’adhérence est moins forte et il se produit un glissement du film sur le rouleau D qui fait que la boucle tend à diminuer.
En définitive, la réduction de la longueur de la boucle met en jeu des phénomènes qui tendent à l’augmenter. L’augmentation de la longueur de la boucle, inversement, met en jeu des phénomènes qui tendent à la diminuer, ce qui constitue le principe même d’un réglage automatique. La boucle prend donc d’elle-même des dimensions moyennes absolument invariables.
L’efficacité du système est telle qu’un effort de 2 grammes s’exerçant tangentiellement à la sortie du dérouleur correspond à un effort de plus d’un kilo à l’entrée de ce même dérouleur.
Ce dispositif constitue un relais des plus simples, d’une puissance considérable, dénué de toute inertie et conférant à l’appareil un haut degré d’automatisation.
A la sortie du couloir, le principe du fonctionnement est le même. Si la boucle de sortie vient à se rétrécir, il se produit sur le tambour enrouleur une pression d’autant plus forte que le diamètre de la boucle est plus petit, et, par conséquent, une adhérence à l’entrée du dit enrouleur qui croît à mesure que la boucle se rétrécit.
Si donc la bobine réceptrice tire trop fort sur le film et que la boucle tende à diminuer de rayon, le film s’appuie tout aussitôt sur l’enrouleur, qui, marchant à une vitesse inférieure à la vitesse moyenne du film, provoque sur celui-ci un effet de ralentissement.
Comme les griffes débitent toujours la même quantité de film, la boucle s’agrandit aussitôt et, là, comme précédemment, on voit que toute réduction dans les dimensions de la boucle met aussitôt en jeu des phénomènes tendant à produire l’effet inverse, ce qui conduit, comme dans le cas précédent, au réglage automatique de la grandeur de la boucle elle-même.
La facilité de manoeuvre de l’appareil est extrême. Il est tout à fait inutile de donner d’avance aux boucles la valeur qu’elles doivent avoir ; l’appareil s’en charge lui-même et, au bout de quelques tours, les boucles prennent automatiquement leur grandeur moyenne, qui ne varie plus, quelles que soient les irrégularités dans le film et la vitesse de marche.
S’il s’agit d’un film de grande raideur, la boucle est un peu plus grande ; d’un film très souple au contraire, elle est un peu plus petite, sans qu’il y ait quoi que ce soit à changer dans les réglages.
L’appareil se prête donc indifféremment au passage du film épais et du film mince, sans aucune correction et sans aucune intervention de la part de l’opérateur.
En définitive, le projecteur B.A.G. présente les avantages suivants :
- Diminution considérable de l’usure du film ;
- Suppression absolue des détériorations de perforations par suite de l’absence complète de rouleaux dentés :
- Possibilités d’emploi de films très usagés, dont les perforations sont en très mauvais état :
- Fixité remarquable de la projection due à l’emploi du tirage rectiligne à griffes multiples et d’un profil spécial de camme ;
- Suppression totale des accidents de boucles ;
- Usure et entretien réduits au minimum ;
- Extrême facilité de conduite ;
- Silence et douceur du mouvement.
Le fonctionnement et l’entretien du projecteur B.A.G. étant extrêmement simples, cet appareil peut être mis entre les mains de personnes inexpérimentées sans aucun inconvénient.
A titre d’indication générale sur l’efficacité des disposition adoptées pour le projecteur B.A.G., il nous suffira de signaler que ce projecteur a permis de réaliser quarante mille passages consécutifs de film normal sans qu’à la suite de cette épreuve sans précédent le film ait présenté de détériorations sensibles, alors qu’il eût été pour ainsi dire impossible, avec un projecteur ordinaire bien réglé et de bonne qualité, d’assurer au film plus de 400 à 500 passages avant sa mise hors de service.

- Ciné-Amateur n° 3, Avril 1931

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