Le premier appareil vraiment pratique de chronophographie,
pouvant sortir du laboratoire du savant pour entrer dans le matériel
de l’amateur, est certainement le Biographe de M.
Demenÿ ; c’est d’ailleurs à M. Demenÿ que
revient la priorité incontestable, non seulement en leur ensemble,
mais aussi dans une foule de détails, des appareils de photographies
mouvementées si répandus aujourd’hui, et il est bon
de lui rendre cette justice. Le Biographe de M. Demeny
a été breveté en 1893 et l’on y retrouve déjà le
principe essentiel du Chronophotographe du
même inventeur que nous décrirons plus loin et qui est un
des plus perfectionnés parmi les instruments de projection animée
actuellement utilisés.
Sans entrer dans une description complète du Biographe qu’une
multitude de détails ingénieux rendraient très longue,
nous dirons qu’il permettait de prendre soit une seule photographie avec
un temps de pose quelconque, soit une série plus ou moins grande d’images
se succédant plus ou moins rapidement et analysant plus ou moins complètement
un mouvement quelconque ; les images sont reçues sur une pellicule qui
se déroule à l’aide d’un mécanisme constituant
la partie essentielle et caractéristique de l’appareil et que
nous retrouverons plus loin dans la description du Chronophotographe dont nous
venons de parler.
La pellicule enroulée sur la bobine I passe devant
le volet H, contourne la tige excentrée L et vient s’enrouler
sur la bobine K ; cette dernière est animée d’un mouvement
de rotation continue qui provoque une traction uniforme de la bande pelliculaire,
et c’est la tige L qui réalise l’intermittence du mouvement
en faisant avancer brusquement la pellicule de la largeur d’une épreuve,
puis la laissant immobile pendant le temps nécessaire à la
pose ; pour cela, cette tige est disposée non au centre, mais sur
le pourtour d’un petit plateau tournant qui lui fait décrire
une circonférence durant laquelle est abandonne tantôt la
pellicule, pour venir un moment après la reprendre et la faire avancer
de la longueur enroulée sur le cylindre K ; un disque obturateur à ouverture
variable masque l’objectif durant le mouvement de la pellicule et
ne permet son impression que pendant sa période d’immobilité ;
comme on le verra plus loin, il ne manque à cet appareil que la
perforation de la pellicule qui constitue la seule particularité inventée
par M. Edison et qui permet de réaliser un repérage parfait.
- J.L. Breton, La Chronophotographie,1897