Eugène-Louis Doyen
Eugène-Louis Doyen (1859-1916) est originaire
de Reims. Il obtient son diplôme de docteur en médecine en
1885 et se passionne alors pour la chirurgie, qu’il pratique d’une
façon
qui laisse parfois sceptique ses contemporains.
En 1896, il s’installe à Paris où ses prouesses chirurgicales
mais aussi sa réputation de non-conformiste font couler beaucoup
d’encre. Doyen n’hésite pas à opérer en
public et donne des conférences dans la clinique qu’il se fait construire rue Piccini. L’établissement
possède une salle de radiographie (les rayons X ont été découverts
en 1895), mais également un laboratoire et un studio de prise de
vues photographiques et cinématographiques.
Doyen comprend très
tôt la valeur pédagogique du cinéma dans l’enseignement
de la chirurgie. Il s’adjoint la collaboration de Clément-Maurice,
organisateur des premières séances du cinématographe
lumière, et d’Ambroise-François
Parnaland, à qui
il demande de filmer certaines de ses opérations dès 1898
(dont la séparation des soeurs siamoises Doodica
et Radica en 1902).
Bien que tournés dans un but scientifique, ces films donnent rapidement
naissance à une polémique car on accuse Doyen d’exhiber
ses films dans les foires. Des copies circulent effectivement, mais la
faute en incombe uniquement à Parnaland qui, se croyant propriétaire
des négatifs qu’il avait tourné, en a revendu des copies à Pathé,
Georges Mendel ou Radiguet
et Massiot. En 1905,
ces derniers seront condamnés
et il faudra attendre 1912 pour revoir des films traitant des opérations
du Dr. Doyen, édités cette fois par la société Eclipse avec
l’accord du chirurgien .
Doyen s’intéresse également à technique. En
1900 il dépose son premier brevet pour un appareil
pour la reproduction photographique et pour la projection lumineuse de
scènes animées.
Un grand et un petit modèle de caméra fonctionnant avec un
mécanisme à chiens Parnaland sont construits.
Quatre ans plus tard, il est l’auteur d’un appareil photo,
le Diplide, construit avec l’aide de Clément-Maurice et
de
Léon Gillon, le père des premières
caméras Eclair.
A partir de 1907, il travaille avec le mécanicien Auguste
Hulin qui possède un atelier de mécanique de
précision au
65, avenue de la Princesse au Vésinet. Hulin construit pour Doyen
les prototypes de la caméra et du projecteur pour la tri-cinématographie
en couleur, conformément au brevet déposé en 1912.
Malheureusement, ces appareils, utilisant une nouvelle fois un mécanisme à chiens
pour l’entraînement simultané de trois pellicules, ne
permettent pas d’obtenir une bonne stabilité et une superposition
correcte des trois images noir et blanc, correspondant aux sélections
trichromes Rouge Vert Bleu.