Les Panoramas de l’Exposition.
Le Cinéorama Ballon.
Le problème de la projection fixe étant posé et même
résolu, un ingénieur français, M. Grimoin-Sanson, n’a
pas craint de s’attaquer à une difficulté beaucoup plus
considérable en projetant au lieu de clichés fixes, les clichés
mobiles de cinématographe. En principe, il s’agissait de prendre
au moyen de dix appareils disposés sur un plateau circulaire fixe,
le panorama qui se déroule sous les yeux du voyageur au moment de
l’ascension ; puis de projeter ensuite en même temps sur les
murs d’une salle circulaire les dix vues cinématographiques
ainsi obtenues. Pour commencer on s’est contenté de prendre
des vues de pied ferme en plaçant l’appareil au milieu d’une
place publique, par exemple.
Cet appareil se compose d’un pied de 2m,50 de haut, formé d’une
charpente solide supportant un plateau circulaire de 1m,50 de diamètre,
autour duquel sont placés dix cinématographes ; nous ne décrirons
pas aujourd’hui leur mécanisme particulier, il nous suffira
de dire qu’ils emploient des bandes sensibles ayant 60 mètres
de long et 7 centimètres de large ; ces bandes sont perforées
sur les côtés, les images ont 0m,055 de large sur 0m,050 de
hauteur. L’arbre de commande de chaque appareil est terminé par
un pignon denté, situé sur la paroi opposée à celle
qui porte l’objectif ; lorsque les dix appareils sont en place tous
ces pignons viennent engrainer avec une roue dentée horizontale fixée
au centre de la plate-forme, et dont l’axe terminé par une manivelle
vient déboucher dans l’intérieur du support à bonne
hauteur pour être facilement maniée par trois hommes placés
sur les côtés.
Dans ces conditions on comprend que les dix appareils marchent synchroniquement.
Les objectifs sont calculés pour embrasser un angle un peu supérieur à 36° de
façon qu’il y ait une partie commune sur le bord de chaque image
; les fenêtres qui limitent la largeur de celles-ci sont réglables
au moyen de vis micrométriques et on arrive ainsi à déterminer
très exactement l’importance des parties communes.
Après avoir pris dans différents pays des panoramas animés
intéressants avec cet appareil disposé à terre, on résolut
de l’emporter en ballon ; il pèse 500 kilos et son volume occupait
la plus grande partie de la nacelle où il était amarré.
Le départ eu lieu aux Tuileries au commencement de mai, par un temps
un peu couvert ; on a commencé à mettre l’appareil en
marche aussitôt le “lâchez tout” et on a continué à tourner
jusqu’à ce que le ballon soit à une hauteur de 400 mètres.
Le cliché cinématopanoramique ainsi obtenu a été très
réussi et le spectateur devant lequel il est projeté, voyant
le sol fuir sous lui, aura la sensation de s’élever en l’aire.
Comme l’appareil est réversible, il suffira de faire passer
la bande à l’envers pour donner ensuite la sensation de l’atterrissement.
Celui-ci se fera plus doucement et avec moins de dangers que dans la réalité,
car le vent s’étant levé, les opérateurs on été un
peu malmenés à la descente ; quant aux appareils, ils en sont
revenus en bon
état.
- La Nature, juillet 1900