CINEMATOGRAPHES

Raoul Grimoin-Sanson

Raoul Grimoin-Sanson (1860 - 1941) exerce de nombreuses activités (musicien, magicien, directeur d’un laboratoire d’analyses chimiques ou expert en anthropométrie) avant de s’établir photographe au 27, avenue du Maine à Paris, en 1894.
S’intéressant à l’image animée, il achète une copie du Kinetoscope Edison à l’anglais Robert-William Paul et entreprend aussitôt la construction d’une caméra réversible permettant de projeter les films du Kinetoscope.
Dans ses mémoires, parues en 1926, Raoul Grimoin-Sanson situe cet épisode début 1895, ce qui ferait de lui un des plus sérieux rivaux des frères Lumière, alors que ce n’est qu’en février 1896 qu’il réussit à effectuer la première démonstration de son Phototachygraphe. Ce premier appareil, breveté le 5 mars 1896, utilise un mécanisme d’entraînement de la pellicule par échappement, que commande une roue dentée munie de 14 chevilles vissées à sa périphérie. Ce mécanisme, rudimentaire et bruyant, ne donne pas satisfaction à Grimoin-Sanson et il faut attendre le mois de novembre 1896 pour que soit breveté le nouveau mécanisme à échappement qui sera utilisé dans la version définitive du Phototachygraphe, fabriqué en série dans ses ateliers de Montrouge.
Grimoin-Sanson peut alors se consacrer à son grand projet : le Cinéorama. Dans ce spectacle, héritier du Diorama de Daguerre ou des Panoramas très à la mode tout au long du XIXème siècle, les toiles peintes sont remplacées par des projections cinématographiques à 360°, assurées par un ensemble de 10 projecteurs couplés ensemble.
La Société Française du Cinéorama, au capital de 500.000 francs, est donc constituée pour exploiter cette nouvelle attraction lors de l’Exposition Universelle de 1900. Malheureusement, le pavillon du Cinéorama n'ouvriera jamais ses portes et la société est liquidée le 18 août 1900.
Grimoin-Sanson abandonne alors provisoirement le cinéma et fait fortune grâce à divers applications du liège, servant à la fabrication de courroies, ou de tissus imperméables utilisés aussi bien pour des couches-culottes que pour des masques à gaz pendant la guerre.
En 1923, Grimoin-Sanson réalise un curieux film, “le Comte de Griolet”, dont il compose également la musique. Un procédé breveté permet à l’orchestre de suivre la partition de manière synchrone avec le film, grâce à la présence de la baguette du chef d’orchestre visible dans le bas de l’image !
En 1926, il publie ces mémoires, “le Film de ma Vie”, dans lesquelles il revendique une place prédominante dans la naissance du Cinéma, à côté de Lumière ou Marey, en se prétendant notamment l’inventeur de la croix de Malte.
La polémique qui s’en suit ne faiblira pas l’année suivante lorsqu’il réalise le film “L’Histoire du Cinéma par le Cinéma” à l’occasion de la création de la section Cinématographique du Musée des Arts et Métiers, dont il est nommé conseiller technique.
Il fait alors don de tous ces appareils au musée, s’assurant ainsi une petite part de postérité.

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