CINEMATOGRAPHES

Le Guil

Projecteur 35mm destiné à la grande exploitation, présenté à partir de 1913, et vendu également par la Bonne Presse

L’année 1913 a vu se réaliser un progrès considérable, le plus important, dirons nous, que l’on doive attribuer exclusivement à l’industrie française. Il s’agit du nouveau cinématographe lancé récemment par le service des Projections de la Bonne Presse.

Cet appareil, vraiment nouveau et comme aspect et comme système, se distingue par les caractéristiques suivantes :
A - Centre optique fixe. La fenêtre et l’objectif sont dans une position immuable et le cadrage de l’image se fait sur un déplacement vertical du film. Le dispositif de croix de Malte, l’arbre porte-obturateur, les tambours débiteurs et la porte sont fixés sur une platine en fonte qui glisse sur des glissières trempées. Le déplacement de l’ensemble est commandé par un bouton molleté et le poids de la partie mobile est équilibré par un ressort dissimulé à l’intérieur de l’appareil, lequel ressort a pour but de rendre égal l’effort à développer, qu’il s’agisse de monter ou de descendre la partie mobile.
B - Croix de Malte intégrale. Il est reconnu que la croix de Malte, telle qu’elle est conçue habituellement est l’organe le plus fragile, quoique le plus important de l’appareil. En adoptant un principe nouveau et en faisant agir l’ergot et le frein dans des plans différents, on a pu donner à la croix de Malte intégrale une robustesse remarquable par d’interposition de disques pleins qui assurent le maximum de section d’attache à chaque élément.
C - Volet de sécurité automatique à réaction. Le nouveau volet de sécurité à réaction est d’une extrême sensibilité due au principe qui en assure le fonctionnement et à sa construction précise. Il est fixé sur la platine mobile et peut être séparé instantanément du mécanisme.
D - Blocs d’organes essentiels amovibles. Dans tout appareil cinématographique, les organes essentiels sont les suivants :
1° Le dispositif d’escamotage de l’image (croix de Malte et son tambour, ergot moteur)
2° Le dispositif assurant l’obturation pendant cet escamotage (obturateur et son arbre)
3° Ces organes supportent tout l’effort et sont susceptibles de s’user ou de se détériorer plus rapidement que les autres, qui ne sont en quelque sorte que des accessoires utiles, mais non indispensables.
Dans ce poste, on a imaginé de grouper ces organes sur un bâti unique, facilement amovible, qui permet à tout opérateur, en cas de nécessité, de changer son bloc essentiel par un autre bloc réglé à l’avance, sans qu’il soit nécessaire de toucher au reste du mécanisme, pas plus qu’aux carters ou au film.
E - Bras support des carters faisant corps avec l’appareil. Des carters en aluminium, légers et manoeuvrables sont montés sur des bras en fonte qui se fixent directement sur le bâti de l’appareil. Cette disposition évite les tâtonnements, les difficultés qu’on éprouve lorsqu’il faut fixer ces carters sur la table du poste.
F - La courroie qui dans les appareils ordinaires, commande l’enrouleuse, est remplacée par un système de pignons d’angle qui comporte de multiples avantages.
G - Blindage de l’appareil. Tous les engrenages, tous les organes qui pourraient se détériorer par la seule présence d’un corps étranger sont protégés par un blindage ou carter qui empêche les poussières provenant des pellicules ou de l’air de se déposer sur les frottements ou glissières et qui protège l’opérateur lui-même contre les conséquences d’une distraction.
En outre, de nombreux perfectionnements de détails ont été apportés dans cet appareil. Tous les arbres sont en acier trempé et rectifié ; les engrenages, les tambours dentés sont également en acier. Les portes ont été munies de ressorts ; en un mot, on s’est efforcé d’en faire un modèle type de fabrication française.

- Le Courrier Cinématographique, 1913

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