CINEMATOGRAPHES

Cinématographe Joly, grand modèle

Dans cet appareil, fonctionnant pour la prise de vues et la projection, la pellicule est entraînée sur une hauteur de 5 perforations au lieu de 4, ce qui donne un format d'image carré.
Fabriqué dans les ateliers de Louis Doignon, le Cinématographe Joly est commercialisé par les frères Normandin sous le nom de Royal Biograph.

Le grand appareil de M. Joly, dit à mouvement satellite, est surtout destiné pour les grands salles de spectacle. Le mécanisme est très soigné, et, si le principe de l’entraînement de la pellicule par intermittence est respecté, il est amené par un autre moyen.
Nous allons décrire ce mouvement original. La manivelle a agit sur un axe b, portant une roue dentée C qui commande une autre roue dentée d, calée sur un axe d’ sur lequel est montée la roue D engrenant avec un pignon d” et avec la roue d”’ calée sur l’arbre e qui porte le cylindre denté h.
Sur l’axe c est calée une roue d’angle f qui engrène la roue f’ dont l’axe porte aussi l’obturateur M percé de deux fenêtres m.
Les roues dentées D’ engrènent avec les deux roues NN, qui font corps avec le rouleau denté h’. L’ensemble des engrenages NN et du rouleau h’ est fixé sur l’arbre h” qui est supporté par les deux bielles doubles, jj, j’j’.
La bielle à fourche jj est articulée sur le plateau L mû par l’axe qui commande le pignon d”.
Ces dispositions font que les roues NN restent constamment en contact avec la roue D’ pendant le mouvement de va-et-vient transmis par le plateau L.
Lorsque la manivelle a tourne, le rouleau h’ tire la pellicule par intermittence et le rouleau h”, semblable aux précédents et tournant à la même vitesse, la conduit à l’enrouleur d’un mouvement uniforme.
Les engrenages sont calculés de manière que l’obturateur M fasse un tour pendant que le plateau manivelle L en fait deux ; l’obturateur M porte deux fenêtres correspondant aux temps d’arrêt.
Il faut insister sur les points suivants qui caractérisent l’intérêt de cet appareil :
1° On peut employer des bobines très grandes, contenant une très grande longueur de pellicule, grâce au rouleau denté h qui dévide la pellicule d’une manière continue. La traction opérée sur la pellicule n’a à vaincre l’inertie de la bobine qu’au démarrage ; le frottement de roulement, réparti sur 18 ou 20 dents, est tout à fait insignifiant.
2° Le rouleau h formant une boucle i au dessus de la chambre, le rouleau h’ tire par conséquent sur une boucle de résistance nulle, ce qui évite toute fatigue à la pellicule.
3° La seule pression à vaincre exercée par la porte de la chambre est en partie annihilée par suite d’un dispositif de M. Joly, qui a poussé la précaution jusqu’à calculer ses engrenages de façon telle que le système du rouleau h’ et de l’engrenage N, tournant sur l’engrenage D’, fasse tendre doucement la pellicule par la rotation, avant de la tirer très vivement. C’est le moyen qu’emploient les rouliers avant le démarrage de leurs fardiers, ils fonts tendre tout d’abord les traits ; cette observation a été sagement mise en pratique par l’inventeur du cinématographe.
4° Quand la pellicule est tendue, le rouleau continue à tourner, et l’effet de la bielle j’j’, venant s’ajouter à la rotation du rouleau, la pellicule se trouve tirée très rapidement. Cette disposition très ingénieuse fait que le temps normal de traction est réduit de plus de moitié. Il s’ensuit que le temps d’obturation est de 1/4 à 1/5, et le temps de pose de 3/4 à 4/5, c’est à dire que presque toute la lumière est utilisée. Il était difficile de mette à profit plus heureusement les secrets de la mécanique.
Aussi les résultats obtenus par MM. Joly Normandin, tant pour la prise des vues que pour les projections, sont absolument remarquables.

- Georges Brunel, La photographie et la projection du mouvement, 1897

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