CINEMATOGRAPHES

Le Photozootrope

Le Kinétoscope d’Edison avait le très grave inconvénient de ne laisser voir sa reproduction animée qu’à une seule personne à la fois ; de plus, chaque appareil ne contenait qu’une seule scène et il fallait pour en changer une opération longue et délicate.
Le Photozootrope de M. Joly a été créé pour remédier à ces inconvénients.
Cet appareil possède quatre oculaires, ce qui permet à quatre personnes de voir ensemble la même photographie animée ; de plus, il contient quatre scènes qui peuvent être successivement examinée sans qu’il soit nécessaire d’effectuer d’autres opération que la manoeuvre d’un levier et la pression d’un bouton.
Le principe reste le même que celui du Kinétoscope, seulement les bandes pelliculaires se déroulent dans un plan vertical et le disque obturateur est remplacé par un cylindre tournant, présentant une fente longitudinale suivant une de ses génératrices et renfermant les lampes à incandescence destinées à l’éclairage. Cette fente passe successivement devant chaque oculaire à l’instant précis où ils se trouvent en face d’une des épreuves analytiques du mouvement.
Il y a deux rubans pelliculaires placés l’un au-dessus de l’autre et suffisamment longs pour posséder chacun la quantité d’images nécessaires à la reproduction de deux scènes différentes.
Par la simple manoeuvre d’un levier, on peut abaisser simultanément les quatre oculaires pour les amener dans le haut ou dans le bas des petits panneaux que l’on voit sur notre gravure, ce qui les met en regard de l’un ou l’autre des deux rubans.
Lorsque l’appareil est mis en route et que la série d’images correspondant à une scène est écoulée, le ruban s’arrête de lui-même et il faut, pour le remettre en route et montrer la seconde scène du même ruban presser sur un bouton ; on change alors les oculaires de place pour reproduire les deux scènes du second ruban.
Le Photozootrope est actionné par un petit moteur électrique qui reçoit le courant d’une légère batterie de piles et ne consomme que 5 ampères sous 6 volts.
L’appareil est facilement transportable, puisqu’il ne pèse que 35 kilogrammes. Les rubans pelliculaires qu’il emploie ont environ 110 mètres de longueur et reçoivent environ 4800 images photographiques, ce qui fait 2400 épreuves pour chaque scène reproduite.
Le perfectionnement qui permet à quatre personnes de voir successivement quatre scènes animées est des plus importants, puisque par ce fait un seul Photozootrope remplace avantageusement quatre kinétoscope.
Ce résultat est surtout important pour les exploitations foraines, puisqu’il permet à l’exploitant de réaliser un plus grand bénéfice, tout en montrant au public un plus grand nombre de scènes animées à un prix moins élevé.

- J.L. Breton, La Chronophotographie, 1897

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