Les lecteurs de l'Année Scientifique et Industrielle connaissent cet
ingénieux appareil, le Diocinescope, de M. Clemont-Huet, à l'aide duquel la
photographie animée est rendue commode et réellement pratique. Avec le
Diocinescope, en effet, les systèmes compliqués d'éclairage qui font du
cinématographe ordinaire un instrument utilisable, sauf de rare exceptions,
seulement par des professionnels, ne sont plus nécessaires. La moindre
lumière naturelle ou artificielle suffit. L'appareil, il est vrai, ne permet
pas en ces conditions de réaliser de grandes projections ; il donne des vues
de dimensions réduites que chaque observateur doit contempler isolément, à
son tour ; mais ces vues sont des plus nettes, et exemptes, comme nous
l'avons expliqué naguère, en raison même du principe du Diocinescope, de ce
papillotement si désagréable inhérent à tous les cinématographes, même les
mieux construits.
En somme, le Diocinescope est par excellence l'instrument familial, celui
que l'on peut installer sur un coin de table dans toute pièce d'un
appartement et qui se prête sans aucun préparatif à l'examen des bandes
pelliculaires dont l'on dispose.
Cependant, ayant de telles qualités, le Diocinescope a aussi quelques
inconvénients. D'une part, en raison même de sa construction, il donne des
images très petites et ayant peu de relief, et d'autre part l'obligation où
se trouve le constructeur de loger son mécanisme à l'intérieur d'une boite
renfermant aussi la partie optique du système rend son maniement, quand il
s'agit d'opérer le changement des rouleaux pelliculaires, quelque peu
incommode.
En vue de remédier complètement à ce double défaut, M. Clermont-Huet
s'employa à chercher une combinaison donnant toute satisfaction.
Son nouvel instrument, la jumelle cinématographique, résout à cet égard le
problème de la plus élégante manière.
De ce dernier dispositif, les parties optique et mécanique sont séparées par
un plateau d'acajou que supportent quatre colonnes.
Le mécanisme d'enroulement et de déroulement des films est installé
au-dessous du plateau et si largement accessible qu'il est tout à fait aisé
de placer convenablement les bandes pelliculaires.
Quant à la partie optique, logée à la face supérieure du plateau, elle
comprend un bloc de verre transparent à faces parallèles, mobile autour d'un
axe, au-devant duquel l'on fait passer la pellicule cinématographique dont
l'examen direct se fait à l'aide d'une jumelle astronomique qui présente cet
avantage de redresser l'ouvrage renversé par le dispositif de projection.
Cette jumelle, pour les nécessité de l'observation, porte auprès de ses
objectifs deux prismes à faces parallèles, dont l'utilité est de permettre
l'examen avec les deux yeux d'une seule image agrandie de 6 à 10 fois,
suivant les modèles d'instruments employés, et d'obtenir ainsi un effet
stéréoscopique des plus agréables.
L'instrument, on le voit, est particulièrement simple, ce qui ne l'empêche
pas, du reste, de donner d'excellents résultats qui le recommandent tout
spécialement à l'attention des amateurs de photographie animée.
- L'année Scientifique et Industrielle, 1905