Cinématographe des Etablissements Gaumont pour l’enseignement
scolaire.
Dans la séance publique de la Société d’Encouragement
pour l’Industrie Nationale, du 26 juin, M. E. Collette, professeur à l’école
Jean-Baptiste Say, a présenté un appareil cinématographique
qui a été conçu et construit par les Etablissements
Gaumont, en vue de satisfaire aux conditions posées par le corps
enseignant pour que le cinématographe puisse être employé dans
les écoles.
L’appareil se compose de deux parties distinctes, fixées toutes
deux sur une planchette qui peut, à volonté, se placer sur
une table, un bureau, la chaire d’un professeur ou sur un pied à trois
branches analogues aux pieds photographiques.
Une des parties est ce que les constructeurs appellent le “chrono” :
elle sert aux projections cinématographiques ; l’autre est
un appareil à projections fixes pour clichés de dimensions
réglementaires : 8,5 x 10 centimètres.
Le Chrono, qui peut projeter tous les films perforés aux dimensions
universelles, est très robuste. Tous ses organes d’entraînement
sont enfermés dans un carter de son bâti en fonte et tournent
dans la graisse consistante. Cette disposition écarte toute chance
d’accident pour l’opérateur, qui peut être un élève
de classe ; le bruit est supprimé, et le professeur peut se faire
entendre pendant la projection du film sans élever la voix plus
que d’ordinaire ; enfin, l’usure et l’entretien des organes
mobiles sont réduits au minimum.
La source lumineuse est une lampe à fil de tungstène, dite
lampe G, étudiée spécialement pour cette application.
Son régime normal est de 12 à 14 volts sous 3 ampères.
On peut régler très facilement sa position pour la mise au
point et la mise en place sur l’écran, car sa douille glisse
entre trois lames formant ressort et une petite manette permet de déplacer
le foyer lumineux verticalement et horizontalement. Cette lampe donne un
excellent éclairement, très supérieur à celui
de la plupart des grands cinéma-théâtres, sur un écran
de 3 mètres carrés, placé de 5 à 8 mètres
de distance.
Des perfectionnements récents permettent encore une très
bonne projection dans de grandes salles de classe ou de conférences,
ou dans des préaux d’écoles à une distance de
15 à 20 mètres, ce qui suppose un auditoire de 300 à 400
personnes.
Cette lampe n’échauffe pas le film, qui d’ailleurs est
toujours à base d’acétate de cellulose, ininflammable.
Tout danger d’incendie est donc écarté, et l’on
peut opérer sans cabine.
L’appareil est étudié pour qu’on puisse arrêter
la projection cinématographique en tel point du film que l’on
veut, de façon à attirer l’attention sur une particularité ;
on peut faire marche arrière, revenir à la marche avant et
ceci à vitesse ralentie, sans toutefois descendre bien entendu,
au-dessous de celle pour laquelle il n’y aurait plus impression de
mouvement continu pour l’oeil.
Toutes les pièces extérieures du chrono sont démontables
très aisément ; il pèse en tout 20 kilogr. : c’est
donc un appareil portatif.
L’appareil à projection fixes, dont le corps est constitué par
deux montants, supporte un condensateur de 115 millimètres et une
petite lanterne presque semblable à celle du chrono ; le centrage
de la source lumineuse et la mise au point se font presque instantanément.
Un commutateur relié à l’appareil à projection
fixes et au chrono, permet le passage instantané de la projection
fixe et vice versa.
Ce matériel scolaire cinématographique fonctionne :
a) sur courant continu à 110 volts avec régulateur, arc électrique
et lanterne ordinaire de projection ;
b) sur courant continu à 110 volts, avec résistance et lampes “G” ;
c) sur courant continu à 110 volts , avec lampe Nernst ;
d) sur courant alternatif à 110 volts, avec transformateur et lampe “G”,
si l’on dispose du courant électrique ;
e) avec accumulateurs et lampes “G”, dans le cas contraire.
On voit donc que ce matériel est adapté à toutes les
conditions qui peuvent se présenter.
- Le Génie Civil, Juillet 1914