Cinématographe Pathé
Modèle 1905
Cet appareil résume la longue expérience que nous avons
acquise dans notre spécialité. Ses qualités si évidentes
l’ont rapidement répandu à une époque à laquelle
il avait encore à faire ses preuves.
Depuis, ce même appareil, encore perfectionné, est considéré par
les gens compétents comme le modèle du genre.
Résumons les qualités de notre projecteur :
1° Le principe mécanique utilise pour produire l’entraînement
est l’engrenage intermittent par Croix de Malte, tout à fait
approprié par son exactitude. Il permet un mécanisme si robuste
qu’un usage continu de plusieurs années ne peut parvenir à en
altérer le mon fonctionnement.
2° La durée de l’obturation est pour ainsi dire la période
nuisible des projecteurs et il y a un très grand intérêt à réduire
au minimum cette durée. Le rendement idéal d’un projecteur
serait complet si, dans une projection cinématographique de la durée
d’une minute, l’écran était illuminé pendant
la minute entière. Mais, avec les projecteurs ordinaires, l’obturateur
masque la lumière pendant environ la moitié du temps, soit
presque 30 secondes d’obscurité et 30 de lumière pour
une minute de projection. Le rendement de notre projecteur Pathé est
si supérieur que la durée d’obscurité n’excède
pas 13 secondes par minute.
3° Enfin le mode d’entraînement des films diffère
essentiellement. Ce ne sont plus des griffes qui entraînent la pellicule
en pénétrant dans deux trous de la perforation, c’est
maintenant un cylindre denté animé d’une vitesse rigoureusement
sinusoïdale et entraînant le film par adhérence en agissant
sur ses bords, sur la hauteur d’une image entière, c’est-à-dire
sur huit perforation à la fois. On comprend les effets de cette
répartition de l’effort : une moindre fatigue du film et même
sa parfaite conservation.
Description. - L’appareil se compose d’une platine verticale
fixée sur un socle rectangulaire et portant à la partie supérieure
une console reliée au socle par 3 colonnes métalliques, constituant
ainsi un bloc rigide.
Dans la partie arrière de la platine, est fraisée une rainure
qui constitue le couloir ; au milieu de celui-ci un tambour denté animé d’un
mouvement intermittent entraîne la pellicule.
De chaque côté du couloir, depuis le haut jusqu’au tambour
d’entraînement, deux lames d’acier poli font saillie
et ménagent une rainure de 25 m/m de largeur. Une ouverture de la
hauteur de deux images et de toute la largeur de la rainure, est percée
dans le couloir pour permettre le déplacement vertical d’un
cadre évidé qui constitue la fenêtre. La platine est
entièrement évidée à la partie inférieure
du couloir d’une ouverture ayant la largeur de la pellicule et destinée à lui
livrer passage à sa sortie de l’organe d’entraînement.
L’axe du tambour denté se termine par une étoile à quatre
branches dans les rainures de laquelle s’engage un galet produisant
l’entraînement. Les bords de la Croix de Malte sont entaillés
pour épouser la circonférence du plateau porte-galet.
Le plateau est calé sur un arbre horizontal portant un volant régulateur
de vitesse et s’engrenant à angle droit avec l’arbre
porte-obturateur. L’arbre du plateau porte-galet est entraîné soir
par l’arbre obturateur portant une poulie, soit par un système
d’engrenages à multiplication sur lequel agit une manivelle.
Les engrenages, à dentures hélicoïdales pour assurer
le rattrapage du jeu, sont protégés par un carter.
L’extrémité de l’arbre opposée à la
manivelle porte une roue qui engrène avec un pignon pour commander
le débiteur supérieur par l’intermédiaire d’une
chaîne de Gall. La tension de cette chaîne peut être
réglée par le déplacement du pignon inférieur.
Du côté avant faisant face au couloir, une planchette coulisse
entre deux des colonnes et porte la monture d’objectif. En regard
du couloir, et sur la face avant de la platine, glisse une pièce à angle
droit dont la face verticale, en contact avec la platine, porte la fenêtre évidée
aux dimensions exactes des images à projeter. La partie horizontale
de cette pièce est fixée au bord supérieur de la planchette.
Le déplacement vertical de l’objectif est donc solidaire du
mouvement de la fenêtre ; le mouvement est communiqué à cet
ensemble par un système de bielle et de levier commandé par
un bouton mobile entre deux glissières circulaires fixées
sur la partie arrière de la platine près de la manivelle.
Le couloir est fermé par une porte à charnières dont
chacune des extrémités est munie d’un rouleau presseur
assurant la prise de la pellicule par les dents du système entraîneur.
Des lames semblables à celles du couloir, mais en trois parties,
sont fixées sur la porte. La partie supérieure fait corps
avec la porte, la partie moyenne, à la hauteur de la fenêtre,
est fixée sur le cadre presseur ; la partie inférieure constitue
le ressort de pression évidé pour le passage des dents du
tambour d’entraînement qui affleurent légèrement
le plan du couloir. La fermeture de la porte amène ces lames en
regard de celles du couloir. Deux lames flexibles appliquent le cadre presseur
contre la pellicule.
L’obturateur est constitué par un disque à trois ouvertures égales
en forme de secteur. Les trois parties pleines ont l’une un angle
de 80° les deux autres un angle de 20°. L’obturateur se fixe
sur son axe au moyen d’une douille traversée par une vis qui
s’engage dans une fraisure longitudinale ménagée sur
l’arbre. Ce dispositif permet le repérage du disque et sa
fixation en un point quelconque de l’axe en engageant, s’il
est nécessaire, la douille la première ; la longueur de l’arbre
obturateur rend possible l’emploi d’objectifs à très
longs foyers (jusqu’à 125 m/m de foyer ; d’autre part
aucun organe n’empêche l’usage des objectifs du plus
court foyer.
La monture universelle de l’objectif est indépendante de l’objectif
lui-même, ce qui permet d’adapter dans cette monture différents
tubes de même diamètre et de différents foyer. Un bouton,
agissant sur la crémaillère de la monture, facilite la mise
au point. La qualité des lentilles de l’objectif assure des
projections nettes et lumineuses.
Sur la console supérieure et dans l’axe du couloir, au-dessus
de l’objectif, une fourche à encoches sert de support à la
pellicule qui peut avoir jusqu’à 300 mètres de longueur
; à hauteur de l’arbre du débiteur, la fourche est
munie d’un galet cylindrique sous lequel passe le film. L’écartement
des deux branches est réglable à l’aide de glissières.
La lubrification des organes de roulement est facilitée par des
trous graisseurs ménagés dans les paliers.
Deux lames convenablement recourbées préviennent le collement
de la pellicule au débiteur ou au tambour d’entraînement.
Dans le socle de l’appareil, sont ménagés deux trous
filetés pour le passage des vis de fixation du projecteur sur sa
table.
Construction. - Notre projecteur est construit en matériaux de première
qualité : croix de Malte, galet d’entraînement et organes
principaux en acier fondu trempé - axes acier fondu - platine et
engrenages en bronze - larges paliers pour atténuer l’usure
- ajustage de précision et vérification soignée à la
sortie de nos ateliers.
Entretien. - Nous recommandons pour le graissage des appareils l’emploi
d’huiles rigoureusement neutres (huile d’horlogerie, huile
pour machine à coudre). A l’aide d’une baguette de bois
tendre, déposer une goutte d’huile dans les rainures de la
croix de Malte, sur ses bords, sur le galet d’entraînement
et son plateau, et enfin dans chaque trou graisseur. Graisser fréquemment
la croix de Malte, même toutes les demi-heure les premiers jours
de fonctionnement. Tenir les glissières en acier très propres
et les vaseliner de temps en temps.
- Catalogue Pathé, 1907